Por: Thomas Ferenzi
Fonte: Le Monde
E se a Europa se revelasse decididamente, incapaz de resistir à concorrência dos seus grandes rivais asiáticos? Se ela estiver irremediavelmente distanciada, por não ter reagido a tempo, da China e da Índia?
Por: Thomas Ferenzi
Fonte: Le Monde
La mondialisation ou le déclin ?
Et si l'Europe se révélait décidément incapable de résister à la concurrence de ses grands rivaux asiatiques ? Si elle était irrémédiablement distancée, faute d'avoir réagi à temps, par la Chine et l'Inde ? Si rien ne pouvait désormais la protéger du déclin qui, selon de nombreux indicateurs, la menace dans les années à venir ? L'inquiétude des Européens face aux effets de la mondialisation n'est pas nouvelle. C'est précisément pour y répondre que l'UE a adopté, en 2000, la stratégie de Lisbonne et qu'elle ne cesse d'appeler les Etats membres à se réformer pour reprendre le chemin de la croissance.
Pourtant, l'angoisse grandit. La stratégie de Lisbonne est un échec, la croissance tarde à revenir, l'avenir semble toujours plus incontrôlable. L'Europe commence sérieusement à se demander si elle parviendra jamais à maintenir ses positions. L'apparente vanité de ses efforts accroît sa peur, qui tourne presque à la panique. On annonçait depuis longtemps ce basculement de la puissance. Il a fallu que se multiplient les signes avant-coureurs pour que les Européens comprennent, enfin, selon l'expression de l'ancien ministre français Hubert Védrine, que "nous vivons la fin du monopole des Occidentaux sur l'Histoire". Les voici qui se mettent à sonner le tocsin.
Ouvrons le dernier numéro de Europe's World, une revue trimestrielle lancée il y a deux ans à Bruxelles et publiée désormais en version française. La plupart des auteurs invités à réfléchir sur "l'Europe dans cinquante ans" font part de leurs doutes et parfois de leur démoralisation face au destin du Vieux Continent. "Le centre de gravité de l'économie mondiale se déplace hors de l'Occident grâce à une modernisation asiatique accélérée", note l'ancien ministre hongrois Bela Kadar, qui souligne la "lassitude" de l'Europe et s'inquiète des retards qu'elle accumule.
Comment éviter que l'Europe ne devienne "une sorte de musée d'histoire à ciel ouvert" et ne disparaisse lentement "comme l'Empire romain à partir du IVe siècle" ? Il faut, affirme Bela Kadar, que survienne "une nouvelle Renaissance", tout à la fois "spirituelle, institutionnelle et même conceptuelle". Pour le président estonien Toomas Hendrik Ilves, l'évolution de l'UE "n'incite pas à l'optimisme". Dans quelques années, affirme-t-il, "même la locomotive allemande paraîtra ridicule face à la puissance montante de l'Inde et de la Chine".
Même les moins pessimistes invitent l'Europe à réagir sans délai. L'Union européenne "doit s'adapter à une mondialisation accélérée", déclare l'ancien ministre turc Kemal Dervis, qui s'étonne des efforts "gaspillés dans de vaines tentatives pour définir une identité européenne". Le politologue grec P. C. Ioakimidis ne croit pas au déclin de l'Europe, mais s'alarme de ses "multiples faiblesses" et l'appelle à définir "une stratégie macropolitique cohérente" pour redresser "ses institutions, sa politique et son économie".
De l'avis de tous, y compris de ceux qui refusent la dramatisation, il y a urgence. Ce qui frappe, dans les débats qui s'engagent désormais sur l'Europe du prochain demi-siècle, c'est moins le contenu des arguments échangés que la dureté des mots utilisés. Tout se passe comme si une dernière chance était offerte aux Européens. M. Védrine, qui présentait lundi 5 novembre à Bruxelles son rapport sur la France dans la mondialisation, n'hésite pas à en appeler à leur "esprit de survie".
"La mondialisation est un fait", souligne M. Védrine. A l'Europe d'y jouer sa partie. Reste à savoir comment. Adaptation, protection, régulation, solidarité, tels sont, selon lui, les mots-clés, dont la combinaison dépend des choix de chacun. Il faut aussi distinguer, dit-il, ce qui peut être fait au niveau national et ce qui doit l'être au niveau européen. Il est temps de passer aux actes.
Fonte: Thomas Ferenczi, Le Monde, em 08.Nov.2007